samedi 13 février 2016

Le chardonneret de Donna Tartt



Voilà, j'ai (enfin) fini Le Chardonneret de Donna Tartt. Et je ne sais pas trop quoi en dire. Pour commencer, j'ai aimé. Mais j'en suis sortie comme d'un combat qui aurait duré une éternité.

Raconter l'histoire ici n'aurait aucun intérêt. D'ailleurs, je ne saurais même pas par où commencer. Il s'agit d'une véritable épopée et on peut dire que la romancière prend son temps pour décrire tous les sentiments, les peurs et les doutes qui assaillent le héros tout au long des 1100 pages du format poche. J'insiste là-dessus parce que par moment, j'avais l'impression de ne pas avancer. Non pas que l'histoire est lente, au contraire il se passe plein de choses dans ce roman. C'est juste que parfois, j'avais envie de rentrer dans le livre pour aller parler au héros.

Au début, j'ai cru que ce livre racontait l'histoire d'un jeune homme qui ne veut pas, ou qui n'arrive pas, à entrer dans l'âge adulte. Mais en fait non, ce n'est pas ça du tout. Enfin peut-être un peu mais ce n'est pas le sujet. Des sujets, il y en a tellement dans ce roman, qu'on ne sait plus trop...

Non, c'est l'histoire d'un jeune homme qui, dans sa jeunesse, a commis un geste non délibéré. Toute sa vie, il est hanté par ce geste, il est persuadé que cette histoire va rapidement le rattraper et qu'il en paiera le prix. Et c'est comme ci tous ses faits et gestes étaient dictés par cet événement. Des années plus tard, il se retrouve de nouveau devant le fait accompli. Mais plutôt que de le condamner, ce qu'il a craint toute sa vie, son geste va permettre de faire émerger de l'ombre des choses que l'on croyait à jamais perdu.

A ce sujet, il existe un passage que j'aime bien vers la fin du livre. C'est une discussion entre le héros et son copain russe : 
- "Bon... je dois dire personnellement que je n'ai jamais tracé une ligne aussi nette entre "bon" et "mauvais" que toi. Pour moi, cette ligne est souvent trompeuse. Les deux ne sont jamais déconnectés. L'un ne peut pas exister sans l'autre. Tant que j'agis avec cœur, je sens que je fais mon possible. Mais toi, enfermé dans le jugement, toujours à regretter le passé, qui te maudis, qui t'accuses, te demandes "et si jamais", "et si jamais". "La vie est cruelle", "je regrette de ne pas être mort à sa place". Eh bien... réfléchis-y. Et si toutes tes actions et tes choix, bons ou mauvais, ne faisaient aucune différence pour Dieu ? Et si le plan était prédéterminé ? Non non, attends... c'est une question qui vaut la peine d'être débattue. Et si notre méchanceté et nos erreurs étaient la matière même qui détermine notre destinée et nous amène vers le bien ? Et si, pour certains d'entre-nous, on ne pouvait y arriver d'aucune autre manière ? (...) Comprends bien qu'en disant "Dieu" je me contente de l'utiliser comme référence au schéma à long terme que nous ne pouvons pas déchiffrer. Enorme système atmosphérique au lent déroulement, venu de loin nous laminer, nous balayer au hasard comme... (il a frappé l'air d'une convaincante batte imaginaire, comme s'il y avait une feuille envolée). Mais peut-être pas aussi hasardeux et impersonnel que çà, si tu me suis.
(...)
- Je pense que ça relève plutôt de l'idée d'"ironie implacable" que de "divine providence".
- Oui, mais pourquoi lui donner un nom ? Les deux ne peuvent pas être la même chose ?"

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